Une chapelle avant la poste
A la place de la poste actuelle se trouvait autrefois la chapelle Saint André qui offrit à Paris-Plage sa première paroisse, 25 ans avant l'église
Jeanne d'Arc d'aujourd'hui. Construite en 1886, l'ancienne église animait un parvis autour des rues de Londres et de St Amand, créant, par l'affluence des fidèles, un lieu de rencontres
naturel, très vite apprécié des Touquettois.
La rue de Londres, coeur de la vie commerçante de Paris-Plage
La rue de Londres qui bénéficiait de l'animation de l'église devint rapidement la seconde rue commerçante du hameau de Paris-Plage. Un peu plus tard, en 1907, avec la construction du premier
bureau de poste, à l'emplacement de l'actuel commissariat de police, l'artère commerçante devint la première de la sation.
Le premier marché de Paris-Plage
Le parvis de la chapelle St André accueillit également le premier marché de Paris-Plage. Après l'ouverture de l'église Jeanne d'Arc, en 1911, la chapelle fut transformée en marché couvert, tandis
que le parvis autour devint la dénommée "place du marché". A cette époque, le coeur de la vie paris-plageoise battait rue de Londres.
Un choix unanime pour l'emplacement de la nouvelle poste
En 1926, la municipalité de Paris-Plage décide de construire un hôtel des postes pour remplacer le premier bureau devenu insuffisant. L'emplacement de la chapelle Saint André fait l'unanimité, aussi bien parmi les élus que parmi les citoyens, dans la mesure où le projet permet de fournir un service postal plus performant, maintenu au coeur de la vie commerçante. Quant à la fonction de halle donnée à l'ancienne chapelle, les paris-plageois ne perdront pas longtemps au change, avec la réalisation du grand marché couvert, 5 ans plus tard. Pour imaginer cette nouvelle poste, un concours d'architecture est alors lancé par la municipalité. L'architecte Jean Boissel le remporte devant ses concurents Louis Quételart et Albert Ponthier. Il est notamment connu pour son palmarès de villas réalisées au Touquet-Paris-Plage dont certaines sont classées à l'inventaire général du patrimoine architectural français.
Un hôtel des postes aux allures d'église
Si le projet de Jean Boissel est retenu à l'issue du concours avec autant de succès, c'est parce qu'il respecte la continuité historique depuis la chapelle Saint André démolie, jusqu'à l'hôtel
des postes qui lui succède. L'architecte voulut en effet garder le souvenir de la chapelle, à travers la fantaisie architecturale d'un clocheton réhaussant la toiture de la partie centrale du
bâtiment. La forme de la toiture haute et pentue, ainsi que le fronton monumental au-dessus de l'entrée, surmontant un ensemble de vitraux, sont autant de fantaisies destinées à entretenir la
mémoire historique de l'ancienne paroisse.
Un édifice du patrimoine paris-plageois reconnu
Le bâtiment de la poste du Touquet-Paris-Plage a été inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques par un arrêté du 12 mai 1997. Ce classement fut notamment motivé par l'originalité des façades, du hall et des toitures de l'édifice.
L'esprit des villas de Paris-Plage
Les façades sont complexes et réhaussées de pignons surdimensionnés, habillés de toitures plongeantes à pente cassée. La façade principale est habillée d'un auvent monumental soutenu par une succession d'arcades. Les fenêtres principales sont de forme arrondie, en harmonie avec les arcades de l'auvent frontal. Ces caractéristiques architecturales appliquées au bâtiment de l'hôtel des postes s'inscrivent parfaitement dans l'esprit des villas paris-plageoises, imaginées par les architectes de l'entre-deux-guerres.
Un hall art déco
Le hall de la poste est typiquement conçu dans l'esprit art déco. La géométrie des volumes et du plafond en sont aujourd'hui les témoins. En revanche, les verrières des façades Est et Ouest ont perdu les vitraux colorés réalisés à l'origine par le verrier Jeannin Gaëtan. Ils représentaient des éléments symboliques de l'histoire des télécommuncations et de la poste, en duo avec les grilles en fer forgé des portes d'entrée. Ils ont été remplacés par des baies en verre blanc, à une époque où la conscience du patrimoine n'avait pas le même écho qu'aujourd'hui. Le grand lustre art déco, donnant autrefois l'élégance du hall, a également disparu.
Les couleurs de la céramique
Autre expression de l'art déco, le dessin géométrique du carrelage au sol crée une ambiance à la fois moderne et chaleureuse de par le contraste du bleu et du jaune. L'usage de carreaux de céramique déclinés sous la forme de fresques ou d'habillage des piliers renforce encore le jeu des couleurs qui oppose le bleu à des tons chauds et lumineux.
Les grilles en fer forgé des portes d'entrée de la poste offrent un travail remarquable en hommage à l'histoire des télécommunications. Les câbles télégraphiques utilisés autrefois avant l'usage des cables téléphoniques sont représentés sur fond de nuages célestes. Ce symbole de l'histoire de la communication porté par l'institution de la poste est aussi le symbole de toute une époque.
Une toiture symbolique
L'originalité de la toiture réside d'abord dans sa forme centrale. Erigée de façon monumentale, et surmontée d'un clocheton pour marquer le souvenir de l'ancienne chapelle, elle donne à l'édifice les allures d'église recherchées par l'architecte. On retrouvera également dans sa conception le caractère imposant et l'extravagance typique des toitures des villas de Paris-Plage dont la combinaison fantaisiste des formes et les effets de superposition fait de l'édifice un bâtiment remarquable.
Le nouvel hôtel des postes, 1ère querelle municipale de l'histoire de Paris-Plage
Lors du conseil municipal de la commune de Paris-Plage du 24 août 1926, la construction du nouvel hôtel des postes est à l'ordre du jour. Or, si le projet architectural de Jean Boissel, retenu par le jury du concours et l'emplacement choisi à la place de la chapelle St André fait l'unanimité, la question de l'orientation du bâtiment est difficile à trancher. L'alternative de l'établissement de l'entrée de la poste se discute entre la rue de Londres, où donnait auparavant l'entrée de la chapelle Saint André et la rue de Metz.
"Par devant" ou "par derrière"?!
Le débat autour de l'orientation du bâtiment de la poste fait rage et divise autant les conseillers que les citoyens. Alors que des pétitions circulent, le conseil municipal s'enflamme. Deux adjoints au maire s'en prennent à la commission des travaux qui avait tranché pour la rue de Metz et, sans attendre le résultat du vote du conseil, démissionnent et quittent la séance avec fracas. A cette occasion, la revue humoristique annuelle des anciens combattants tentera de détendre l'atmosphère. Amusée par le débat, elle adopte le titre hilarant "Par devant, par derrière", proposant la solution d'un hôtel des postes sur pivot, avec une alternance bimensuelle du côté de l'entrée!
La victoire de la rue de Metz
Le conseil municipal de Paris-Plage aura finalement tranché en 1926 pour un hôtel des postes ouvrant du côté de la rue de Metz. L'effervescence commerçante du parvis de l'ancienne chapelle Saint André basculera rue de Metz. Quatre arguments majeurs justifieront le choix du conseil municipal de Paris-Plage : la rue de Metz est plus large que la rue de Londres, elle permet une meilleure perspective pour la création d'une artère commerçante. L' ouverture de l'hôtel des postes vers l'Est permet une protection contre les vents dominants et le choix de la rue de Metz s'inscrit dans une perspective de poursuite du développement de la ville vers l'intérieur, en direction de la forêt. Un peu plus tard, en 1931, la vocation commerciale de la rue de Metz sera définitivement établie avec la construction du marché couvert.
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