L'opposition en Russie compte un nouveau parti : Solidarnost, emmené par Garry Kasparov. L'ancien champion du monde d'échecs a donné, samedi 13 décembre dans une banlieue de Moscou, le coup d'envoi de ce nouveau mouvement lors d'un congrès fondateur, avec l'espoir de se faire enfin entendre dans un pays où le premier ministre Vladimir Poutine reste tout-puissant.
Le nom choisi pour le mouvement fait référence au mouvement syndical polonais fondé dans les années 1980 Solidarnosc, qui "avait vaincu le fascisme", a souligné M. Kasparov dans le discours qu'il a prononcé devant les délégués. "Notre premier but sera de démanteler le régime [de l'ancien président] Poutine. C'est le seul moyen de rétablir la liberté et la concurrence politique dans le pays", a grondé M. Kasparov sous les applaudissements de la salle. Le leader a cependant reconnu que la coalition rassemblait des forces plutôt hétéroclites, couvrant l'ancien SPS (l'Union des forces de droite, libéral), des membres du RNDS de l'ancien premier ministre russe Mikhaïl Kassianov (lui-même absent) et des militants des droits de l'Homme, mais il s'est dit "très optimiste" quant à son avenir. "Le régime a une espérance de vie très courte : à la fin de l'année prochaine il y aura des secousses en Russie. Il faudra vers ce moment créer une coalition démocratique puissante", a-t-il affirmé.
"IL FAUT PARTICIPER CAR IL N'Y A RIEN D'AUTRE"
"Ici, il y a beaucoup de gens à qui ça ne plaît pas mais il faut participer car il n'y a rien d'autre. Si vous vous considérez comme démocrate, vous devez y être", a déclaré en marge du congrès l'un des délégués, Ivan Fedorenko, représentant du RNDS à Saint-Pétersbourg. La crise économique qui frappe durement la Russie attise le mécontentement dans les régions, a-t-il souligné, citant en exemple les usines automobiles de sa région, contraintes d'interrompre leur production pendant plusieurs semaines à la fin de l'année. "Beaucoup pensent que la crise ouvre une fenêtre de possibilités, que les gens seront mécontents à cause de l'économie et que les organisations démocratiques pourront défendre notamment les intérêts économiques et devenir aussi populaires que le Solidarnosc polonais", note-t-il.
Comme c'est fréquent en Russie, des jeunes partisans du pouvoir en place ont tenté de perturber le déroulement du congrès de Solidarnost. Une trentaine d'entre eux se sont réunis devant l'entrée du bâtiment en criant et en agitant une banderole sur laquelle était écrit "ça suffit de raconter des mensonges" et en agitant des fumigènes. Trois d'entre eux portaient des masques de singes et lançaient des bananes et des tracts proclamant "Les singes racontent des mensonges". Vendredi, des moutons aux pattes cassées ou morts avaient été projetés dans la direction des congressistes.
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