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L'italien Vitaminic s'empare de Peoplesound

Par Virginie Robert

Publié le 11 juin 2001 à 01:01

Et un, et deux, et trois... acquisitions. La consolidation dans les sites de musique en ligne ne cesse de s'accélérer. En moins de trois semaines, le groupe de communication français Vivendi Universal a mis la main sur le site phare de musique en ligne de San Diego, MP3.com, tandis que son concurrent, l'allemand Bertelsmann, rachetait le site de stockage de musique en ligne Myplay.com. Vendredi, c'était au tour de la start-up italienne cotée au Nuovo Mercato Vitaminic d'annoncer à son tour le rachat, pour 34 millions d'euros en actions, du site anglais de vente de musique en ligne Peoplesound. L'été dernier, la société britannique avait accueilli dans son capital divers investisseurs à hauteur de 70 millions de livres, dont l'opérateur de téléphonie mobile finlandais Sonera et la société de capital-risque Zouk Ventures. A noter aussi la présence plus ancienne dans le capital de la société du groupe Europ@web, le fonds d'investissement dédié à Internet détenu par Bernard Arnault.

Au terme de cette opération, les actionnaires de Peoplesound détiendront 19 % du capital de Vitaminic. Depuis plusieurs mois, la société cherchait des fonds qui lui auraient permis d'atteindre l'équilibre. Selon la presse anglo-saxonne, le site aurait eu des discussions poussées avec le site portail Terra Lycos cette année. Peoplesound est, en effet, le leader en Grande-Bretagne, premier marché pour la musique en Europe. La société fondée par Ernesto Schmitt, un consultant en management de 29 ans qui fait partie des figures de l'élite de la Net-économie londonienne, annonçait d'ailleurs, quelques jours avant son rachat, la signature d'un accord avec RTL (groupe Bertelsmann). Cet accord prévoit la création d'une Webradio, FunMP3, permettant le téléchargement en toute légalité des titres présents sur le site de Peoplesound.

De son côté, Vitaminic, qui a enregistré un chiffre d'affaires de 1,3 million d'euros pour le premier trimestre 2001, en hausse de 278 % sur un an, continue ainsi sa politique d'acquisitions afin d'atteindre une taille critique sur le marché européen. L'action de la société, qui avait été suspendue à la veille de l'annonce, a gagné plus de 10 % à la reprise pour clôturer à 28,13 euros. La raison : le prix est jugé bon. Peoplesound, qui avait un temps caressé l'espoir d'une introduction en Bourse, avait été valorisé par le passé à 100 millions de livres. Ces derniers temps, on estimait sa valorisation autour de 40 millions de livres. A 34 millions d'euros, c'est donc une affaire.
Scepticisme
Pourtant, l'opération déçoit les observateurs du marché. « C'est une société pas très attirante qui achète une société vraiment géniale. J'ai toujours été très sceptique sur Vitaminic et j'aurais aimé voir jusqu'où Peoplesound aurait pu aller. Il faudra voir ce qu'il advient des deux sociétés combinées », estime Heidi Fitzpatrick, analyste chez Lehmann Brothers. On reproche, en effet, à Vitaminic de ne distribuer que des titres d'un intérêt secondaire, qui lui rapportent surtout des revenus grâce à ses contrats de distribution avec des sites portails. Reste qu'après avoir déjà annoncé le rachat pour 66 millions de francs de son homologue français FranceMP3.com au mois de mars, Vitaminic possède désormais avec Peoplesound _ qui compte aujourd'hui 85 employés dans ses bureaux de Londres, Paris et Munich _ des sites de choix sur les principaux marchés européens que sont la France, l'Angleterre mais aussi l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. « Vitaminic a été un prédateur. Le rachat de Peoplesound n'en fait pas forcément une entité plus puissante, mais il donne en tous cas une marque forte en Grande-Bretagne », assure Rebecca Ulph, analyste chez Forrester Research.

Face aux énormes accords (Duet et MusicNet) et acquisitions qui ont eut lieu dans la musique en ligne, Vitaminic est sans aucun doute l'une des dernières start-up indépendantes à jouer son va-tout pour survivre... à moins qu'elle ne cherche à se rendre plus appétissante. « J'imagine qu'ils vont se faire approcher. Le problème c'est que Vitaminic s'appuie sur des labels peu connus, et que le modèle d'abonnement sur ce type de contenu reste à prouver », indique Rebecca Ulph.

EMMANUEL PAQUETTE ET VIRGINIE ROBERT

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