(Ottawa) La ministre fédérale de la Santé mentale et des Dépendances, Ya’ara Saks, a rejeté la demande de Toronto de décriminaliser la possession de drogues, invoquant des préoccupations concernant la sécurité publique.

La décision a été annoncée vendredi, après des semaines d’immense pression politique de la part des conservateurs de l’opposition et du gouvernement de l’Ontario pour refuser la demande de Toronto.

La proposition voulait que la décriminalisation soit associée à une série de réponses de santé publique plus directes à la crise des surdoses.

La Ville de Toronto a envoyé sa proposition à Santé Canada en janvier 2022 et, après d’autres consultations, a mis à jour sa soumission en mars 2023. Le 26 avril dernier, l’Ontario a demandé à Santé Canada de modifier l’exemption permettant la décriminalisation de petites quantités de drogues comme l’héroïne, le fentanyl, la cocaïne et la méthamphétamine.

Mme Saks a déclaré dans un communiqué qu’elle avait déterminé que le plan de Toronto ne protégeait pas adéquatement la santé publique et ne maintenait pas la sécurité publique.

L’une de ses préoccupations est le manque de soutien du gouvernement provincial, qui s’est farouchement opposé à l’idée.

Jeudi, la ministre de la Santé de l’Ontario, Sylvia Jones, et le solliciteur général Michael Kerzner ont martelé que la province était « à 100 % opposée » à la demande.

Selon eux, les résultats d’un programme pilote « désastreux » en Colombie-Britannique prouvent que la décriminalisation ne fonctionne pas.

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Sylvia Jones, ministre de la Santé de l’Ontario

« Cela encourage les comportements dangereux dans les espaces publics, victimise des innocents et nuit à la capacité des forces de l’ordre de protéger nos villes », ont-ils écrit dans une lettre conjointe.

Les bureaux de la mairesse de Toronto, Olivia Chow, et de la médecin-hygiéniste en chef de Toronto, Eileen de Villa, ont fait savoir vendredi qu’ils se tournaient maintenant vers d’autres formes de soutien.

En réponse à une demande de commentaires, le bureau de Mme Chow a partagé une lettre que la mairesse a envoyée au premier ministre Justin Trudeau et au premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, datée de vendredi.

Elle souligne que les surdoses tuent 2500 Ontariens chaque année, dont 500 à Toronto, tandis que le temps d’attente pour un traitement peut aller jusqu’à un an. La lettre appelle les trois niveaux de gouvernement à travailler ensemble, notamment en élargissant l’accès aux traitements.

« Un engagement et une responsabilité partagés pour un traitement accru exigent un programme pilote collaboratif axé sur une approche globale comprenant les soins primaires, les logements supervisés, la réduction des méfaits et les partenariats avec les services d’urgence », écrit Mme Chow dans la lettre.

Une déclaration de Mme de Villa transmise par la Santé publique de l’Ontario indique qu’elle soutient l’approche de Mme Chow.

« La décriminalisation est un outil politique fondé sur des données probantes pour aider à éliminer les obstacles aux soins. L’augmentation du financement et de l’accès à un large éventail d’options de traitement, qui relève de la responsabilité de la province, est un autre outil nécessaire pour lutter contre l’épidémie de surdoses », mentionne le communiqué.

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